La motorisation interne (4/5)

Publicado el 10/08/2022 a las 20:39.
Actualizado el 17/08/2022 a las 13:25.

Nous avons vu dans le chapitre précédent l'avènement de la mise au point automatique. Cette évolution majeure a entraîné de nombreuses évolutions tant sur les objectifs que sur les boîtiers, mais a aussi complexifié la compréhension du matériel.

Dans le chapitre qui va suivre, nous allons voir que les nombreuses petites évolutions suivantes vont encore complexifier cela, parfois au détriment de la rétrocompatibilité avec les boîtiers les plus anciens.

1998 : AF-S ou la motorisation interne

En 1998 sort une évolution majeure de la mise au point automatique : l’AutoFocus Silent Wave Motor (AF-S pour les intimes), ou la motorisation interne silencieuse. Cette nouvelle technologie, évolution de l'AF-I, permet une mise au point beaucoup plus rapide et silencieuse (comme son nom l’indique), directement effectée par l’objectif. Par conséquent elle ne nécessite plus de moteur interne au boîtier pour fonctionner.

Pour ce faire, de nouveaux contacts ont été ajouté aux objectifs. Sur certains objectifs, ils sont au nombre de 7.

Objectif AF-S à 7 contacts
Objectif AF-S à 7 contacts

Sur d'autres, 8 contacts sont présents.

Objectif AF-S à 8 contacts
Objectif AF-S à 8 contacts

Enfin, d'autre objectifs ont une broche à 10 contacts.

Objectif AF-S à 10 contacts
Objectif AF-S à 10 contacts

En toute sincérité, je n'ai pas trouvé d'explication probante à la différence du nombre de contacts. Je suppose que cela a été développé en prévision d'évolutions futures. Mais la probabilité que ces évolutions voient le jour me paraît de plus en plus faible.

Outre la rapidité et le silence, un autre avantage apporté par cette nouvelle motorisation est l'ergonomie. En effet, la sélection de la mise au point s’effectue désormais directement sur l’objectif (comme les modèles AF pourvus d’une bague).

Il existe 2 versions de commutateurs. La première comporte les modes M, commun à toutes les versions, qui correspond à la mise au point Manuelle et le mode A pour la mise au point Automatique. Quand le mode A est sélectionné, il est impossible d'effectuer la mise au point à la main, la bague étant bloquée.

Commutateur de mise au point A et M
Commutateur de mise au point A et M

Et la grande nouveauté est le mode M/A qui offre la possibilité d’affiner la mise au point manuellement en mode automatique, sans avoir à changer de mode.

Commutateur de mise au point M/A et M
Commutateur de mise au point M/A et M

Toutefois – et c’est un avis personnel – l’inconvénient des modèles AF-S est leur encombrement et leur plus grande fragilité. En effet, le moteur interne prend forcément de la place, ce qui rend les objectifs plus imposants, et ajoute de l’électronique, donc augmente le risque de panne. Ils sont aussi fatalement plus complexes à réparer, et la motorisation des tout premiers AF-S (les quelques rares AF-S D, notamment) a connu des soucis récurrents de fiabilité, et les pièces de rechange ne sont malheureusement plus fabriquées et sont introuvables.

2000 : Version G et les adieux à la bague d'ouverture

Dans les années 2000, la version G (comme Gelded, je vous laisse chercher la traduction) est apparue sur les optiques de monture F. Cette version reprend les caractéristiques de tous les objectifs D, mais voit la bague de diaphragme disparaître. Les avantages de cette disparition sont la disparition de la fameuse erreur FEE, une réduction des coûts de fabrication (on peut aussi le mettre dans les inconvénients, c’est selon), et de leur taille réduite.

Disparition de la bague d'ouverture
Disparition de la bague d'ouverture

Ses inconvénients par contre sont l’abandon de la rétrocompatilité. Les objectifs G ne sont donc compatibles qu’avec les boîtiers à contrôle électronique de l’ouverture de l’objectif. Par conséquent ils ne sont pas compatibles avec les boîtiers à couplage Ai ou pré Ai, et la plupart des boîtiers à mise au point automatique des années 1980 (le F401 faisant exception, grâce à sa molette de sélection d’ouverture du diaphragme).

2003 : DX ou l’avènement du numérique

C’est en 1999 que Nikon a lancé son premier appareil 100% numérique : le D1. La technologie étant alors balbutiante et très onéreuse, les capteurs utilisés avaient un format plus petit que le film 24x36mm utilisé en argentique. C’est ce qu’on appelle, encore aujourd’hui, les capteurs APS-C.

S’ils n’ont pas de taille unique, la plupart de ces capteurs ont une taille d’environ 24mm par 16mm (22mm par 15mm chez Canon), soient environ 2/3 de la taille des pellicules argentiques.

Cela a plusieurs conséquences :

La première est que la taille plus petite du capteur équivaut à un zoom (ou coefficient multiplicateur, voire crop) de 1,5x. C’est-à-dire qu’une longueur focale de 10mm en argentique est l'équivalent de 15mm sur un capteur APS-C. Mais je ne détaillerai pas ce sujet davantage ici.

Objectif DX
Objectif DX

La deuxième conséquence, celle qui nous intéresse, est qu’un capteur APS-C étant plus petit, la surface à éclairer est donc moins grande. Par conséquent le diamètre des objectifs utilisés jusqu’alors n’a pas besoin d’être aussi large. C’est pourquoi Nikon – tout comme d’autre constructeurs – a créé une gamme d’objectifs DX, donc construits spécifiquement pour capteurs APS-C.

Cette gamme DX reprend les mêmes caractéristiques que les autres objectifs, à savoir AF-S, G et versions ultérieures et n’impose pas de restriction supplémentaire. Toutefois, il faut savoir que l’utilisation d’une optique DX sur un appareil argentique compatible - ou sur un boîtier numérique plein format – est totalement possible, mais elle nécessitera de passer en mode DX, donc de n’utiliser que les 2/3 du capteur. On peut aussi l’utiliser en mode normal, ce qui créera un vignettage plus ou moins prononcé.

Sigma DC 10-20mm à 10mm sur D700
Sigma DC 10-20mm à 10mm sur D700

L’avantage et l’intérêt de ces optiques est qu’elles sont moins complexes à fabriquer donc moins chères, plus petites et plus légères. Elles n’ont évidemment pas la qualité de certaines optiques haut de gamme (encore que), mais sont largement suffisantes pour le commun des mortels, qui utilise un boîtier APS-C.

Autres évolutions mineures

Entendons-nous bien. Quand je parle d'évolutions mineures, cela se caractérise soit par une évolution ayant eu un faible impact sur la monture, soit une évolution qui aurait dû être majeure, mais qui rétrospectivement n'a pas eu l'effet espéré, ou a été démocratisée par la version suivante de cette évolution.

J'aurais d'ailleurs très bien pu mettre l'évolution Ai-S dans les évolutions mineures, puisque son utilisation réelle n'a été effective que sur 2 boîtiers. Mais étant donné que les questions les plus récurrentes portent précisément sur la différence entre les objectifs non-Ai, Ai et Ai-S, et que c'est une des plus prisées (sans doute le summum en termes de conception mécanique), j'ai préféré la traiter en détails.

Concernant les autres, voici ce que nous pouvons trouver (liste non exhaustive) :

1988 : Ai-P, la puce intégrée aux objectifs à mise au point manuelle

Parmi les versions mineures, nous pouvons évoquer la version Ai-P apparue en 1988. Elle n’est pas une vraie version à proprement parler, mais consiste plutôt en l’ajout d’une puce (P comme CPU) permettant d’utiliser les objectifs Ai-S et Ai comme les objectifs AF. En termes de couplage, bien entendu, ces objectifs n'ayant pas de mécanisme de mise au point automatique, ils resteront utilisables en mise au point manuelle uniquement.

Il n’existe que quelques rares modèles l’étant nativement - principalement des télé-objectifs, ainsi qu'un 45mm apparu fin des années 1990 - le reste étant plutôt des conversions de modèles Ai(-S), à l’instar des pré-Ai convertis en Ai.

Ils ont évidemment les mêmes caractéristiques que les objectifs AF - encore une fois, à part la mise au point automatique - et sont compatibles avec les mêmes boîtiers, l'absence de moteur n'étant cette fois pas problématique.

Monture en plastique

A partir des années 1990, certains objectifs vendus en kit avec les boîtiers d’entrée de gamme ont renoncé à leur baïonnette en métal pour une baïonnette en plastique, toujours pour une question de réduction de coûts. Inutile de vous dire que leur solidité n’a rien à voir avec les objectifs Ai-S et antérieurs.

On trouve d'ailleurs sur le marché de l'occasion bon nombre de ces objectifs vendus pour pièces car leur baïonnette est cassée. Ces baïonnettes sont facilement trouvables sur la toile, ce qui permet de les réparer à bas coût (s'ils n'ont évidemment pas de problèmes supplémentaires).

Baïonnette en plastique sur un objectif Nikkor
Baïonnette en plastique sur un objectif Nikkor

Ceci n’est évidemment pas une évolution ou une nouvelle version, mais si vous entendez parler de baïonnette ou monture en plastique, vous saurez de quoi il s’agit.

1992 : AF-I ou les débuts de la motorisation interne

Cette évolution aurait sans doute dû faire partie des évolutions majeures. Elle est en effet celle qui a initié la déportation de la motorisation vers l'objectif chez Nikon (et ajouté les contacts au niveau de la monture) mais a finalement été remplacée par les moteurs AF-S, plus rapides et silencieux.

À l'instar des Ai-P natifs, la grande majorité des AF-I sont des télé-objectifs.

Côté baïonnette, ces objectifs sont identiques aux objectifs AF-S et ont les mêmes restrictions en termes de compatibilité.

1996 : Pronea et l'APS

Sans parler vraiment d'évolution, Nikon a sorti quelques appareils argentique à format APS entre 1996 et 2000. Ces appareils sont de monture F et compatibles avec les objectifs AF jusqu'à AF-S (D et G inclus), et supportent bien l'utilisation des objectifs DX, le format APS étant situé entre le 24x36mm et l'APS-C.

Pour aller avec ces boîtiers, Nikon a conçu une série dédiée : la série IX-Nikkor. Ces objectifs ont la particularité d'être tout petits et légers (tout en plastique), mais avec une excroissance au centre de la monture, ce qui empêche leur utilisation sur les boîtiers réflex Nikon traditionnels, car ils ne laissent pas assez de place au miroir pour se relever.

2007 : E comme diaphragme Électronique

En 2007 est sortie une nouvelle technologie servant à contrôler électroniquement le diaphragme. Elle permet, selon Nikon, d'augmenter la précision de l'ouverture du diaphragme lors du déclenchement.

Concernant sa compatibilité, un objectif E est montable sur certains boîtiers argentiques, mais ne permet que le déclenchement à pleine ouverture. Étant sortie en 2007, soit la même année que le D3 (premier boîtier numérique à capteur dit FX), cette technologie est donc compatible avec tous les boîtiers réflex plein format. Pour les boîtiers à capteur APS-C, seuls ceux sortis après 2007 seront compatibles.

2016 : AF-P, l'autofocus des vidéastes

Je me suis posé la question de savoir si je mettais les objectifs AF-P (P comme Pulse, ou moteur à impulsion) dans les évolutions mineures ou majeures. Mais étant donné que cette évolution a surtout un intérêt pour la vidéo et que je ne suis pas convaincu par l'utilisation de la vidéo sur un réflex - peut-être à tort, auquel cas je ne demande qu'à changer d'avis - j'ai préféré les mettre ici. C'est une évolution de la motorisation interne, qui a l'avantage d'être encore moins bruyante que l'AF-S, et d'offrir la mise au point lors de l'enregistrement de vidéos.

Les objectifs AF-P sont exclusivement des zooms. Il n'est pas très aisé de les distinguer des AF-S, même si certains sont reconnaissables au bouton de verrouillage présent sur la bague de zoom.

La compatibilité des AF-P avec l'ensemble du parc de boîtiers est assez réduite, puisque ne sont complètement compatibles que les boîtiers sortis après 2013. Il existe quelques boîtiers antérieurs compatibles partiellement, grâce à une mise à jour de leur firmware. Vous pourrez trouver plus d'informations sur le site de Nikon, via des grilles de compatibilités.

Petit rappel global

Quand vous achetez un boîtier ou un objectif, gardez en tête que les contraintes que nous avons énumérées depuis le début de cet article se cumulent et peuvent rendre votre objectif tout simplement inutilisable, ou avec seulement certaines restrictions, avec votre boîtier. Ainsi, un objectif AF DX 10,5mm f/2.8G ne sera pas utilisable sur un boîtier ne contrôlant pas l'ouverture du diaphragme électroniquement (à cause du G), vignettera énormément sur un boîtier argentique ou à capteur dit plein format (DX) et n'aura pas la mise au point automatique sur un boîtier non motorisé (AF).

Mais normalement tout cela est devenu clair pour vous.

Objectifs 50mm f/1.4 version Ai, AF(D) et AF-S(G)
Objectifs 50mm f/1.4 version Ai, AF(D) et AF-S(G)

Dans le dernier chapitre, nous aborderons la monture F chez les autres fabricants, mais aussi l'utilisation de ses objectifs sur les autres systèmes.